D’origine latino-américaine, l’herbe de la Pampa sème la zizanie dans les milieux naturels sensibles du Pays Basque. Confrontés au problème de cette colonisatrice aux séduisants panaches blancs, le domaine d’Abbadia à Hendaye et le jardin botanique de Saint-Jean-de-Luz ont mis en commun connaissances et efforts pour sensibiliser le grand public au problème des espèces invasives en général.
Communément appelée Herbe de la Pampa, la Cortaderia selloana est une graminée vivace introduite en Europe pour ses qualités paysagères et ses capacités à stabiliser les sols. Après une croissance rapide, un pied peut atteindre jusqu’à 4 mètres de haut et vivre jusqu’à 10-15 ans. Il produit annuellement des milliers de graines fertiles dotées d’une sorte de plume qui va permettre au vent de les transporter aisément dans un rayon de 25 km.
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L’herbe de la Pampa fait aujourd’hui partie des 150 plantes invasives répertoriées sur l’Hexagone par les botanistes. Sont considérées comme invasives par l’Union mondiale de la Nature (UICN), les espèces exotiques, végétales ou animales, qui, implantées dans un milieu d’où elles ne sont pas naturellement issues, se reproduisent plus rapidement que les espèces endémiques. Selon l’UICN, elles seraient la troisième cause de perte de la biodiversité à travers le Monde.
Présente au Pays Basque depuis au moins le 19ème siècle, l’herbe de la Pampa a commencé à poser problème il y a une trentaine d’années. Une grande résistance à la plupart des parasites et des maladies, ainsi que l’absence de prédateurs, lui permettent de se développer à loisir au détriment de la flore locale, moins résistante, avec qui elle rentre en compétition directe pour les nutriments du sol, l’eau, la lumière et l’espace. D’après le conservateur du Domaine d’Abbadia, Ganix Grabières, « la plante n’est pas nocive en elle-même, même si quelques cas d’allergies ont été dénombrés. Mais pour certains milieux sensibles, son expansion est un véritable fléau ».
Si elle rencontre quelques difficultés d’implantation là où la végétation est déjà dense, elle se plaît dans les milieux neufs, les terrains mis à nu. Dès qu’elle a l’opportunité de s’installer, elle va prendre toute la place. Sur Abbadia, elle pose surtout problème dans la lande maritime où, selon G. Grabières, « Il n’y a pas forcément des espèces rares mais des compositions floristiques riches et originales ». On retrouve des cas similaires sur toute la Côte basque. Directrice du Jardin botanique littoral Paul Jovet à Saint-Jean-de-Luz, Jeannette Breton explique que « l’herbe de la Pampa affectionne particulièrement les falaises où des brèches s’ouvrent régulièrement, laissant les sols à nu ». L’activité humaine n’est pas non plus étrangère à la dissémination de la plante qui trouve dans les talus d’autoroutes, les ronds-points, les bords de chemin de fer et autres parcelles défrichées autant d’opportunités de colonisation.
Solutions

« On ne réussit pas à l’éradiquer. On peut juste essayer de limiter son expansion » précise G. Grabières. « En milieu isolé, le plus efficace est de la déraciner ou de la brûler car il ne suffit pas de la couper une année pour qu’elle ne repousse pas». Mais le déracinement n’est pas aisé en milieu naturel sensible où il risque de faire au moins autant de dégâts sur la flore alentour que la plante elle-même. Quant au feu, il est inconcevable sur des zones comme la lande maritime. J. Breton ajoute « qu’il a même été essayé de la mettre sous bâche pour l’étouffer… sans succès. Même privée d’eau et de lumière pendant des mois, elle est capable de repartir de plus belle ». A Abbadia comme au jardin botanique de Saint-Jean-de-Luz, on enlève donc un maximum d’inflorescences sur les spécimens en présence pour les empêcher de fleurir et de grainer. Se faisant généralement à la main, l’opération est longue et fastidieuse.
Bibliographie
Consulté le 30/09/2013